Du dessin à la photographie, et inversement
Dans certains cas, lorsque je veux éviter de stresser et d'avoir les yeux à l'affût, je choisis de partir dans des poses lentes. Lentes mais pas forcément longues. Je m'explique: On n'a guère le temps, en atelier, de vérifier tous les points de construction d'un dessin. Lorsqu'on prend son temps, on peut le faire. C'est sympa, on y va doucement, et on demande au modèle de prendre une pose pas trop physique. Pendant trente à quarante-cinq minutes, je place tous mes repères, et je commence à placer mes zones d'ombre, par dessus lesquelles je reviendrai plus tard, par un crayonné plus dur, pour "architecturer" le dessin. Comme le modèle commence à se lasser, et moi également, je finis cette séquence de pose en prenant une photographie. Celle-ci n'est pas toujours prise très exactement du même point de vue perspectif, mais j'essaye de respecter le même éclairage. Cette photographie me permet de terminer le dessin, et d'y revenir plus tard, pour affiner les modelés. L'intérêt que je trouve à prendre cette photographie à la fin de la pose: le corps n'est plus raide comme il l'était au début de la pose, et j'évite aussi les marques des élastiques des vêtements, qui ont eu le temps de disparaître. Si je veux le faire bien, je peux rajouter 3 à 4 heures de travail pour finir le dessin.
Comme mes poses sont bien éclairées, les photographies sont parfois plus convaincantes que les dessins; C'est comme ça que je suis passé à la photo.
Mais, autant je peux montrer mes dessins sans que mon modèle ne me fasse un procès, autant un portrait photographique ne peux être exposé qu'avec son accord. Ainsi, mes photos sont souvent devenues des "pièces de travail" que je ne montrerai jamais. N'insistez pas...
Quand je trouve un certain charme à ces photos, il m'arrive de les retoucher pour donner un supplément "d'ambiance". Ça n'a été que rarement le cas jusqu'à présent, car je n'avais pas d'ordinateur. Maintenant, j'ai ce qu'il faut, mais comme je débarque dans la région, je n'ai plus le modèle.