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Yvain Renaud Dessins
5 décembre 2008

Si je peux vous apporter quelque conseil...

     Ce soir, j'ai répondu à un message que j'ai reçu, me demandant pourquoi je dessine comme je dessine. Les réponses sont multiples. Mais je crois que si l'on peut comprendre ce que j'aime, on pourra comprendre ce que je vais choisir et tenter de dessiner. 

     Je me livre un peu plus...

     J'ai vu votre blog, vous créez davantage que je ne le fais. Si je peux vous apporter quelque conseil, ce serait de surtout de dessiner ce qui vous plait, et de prendre tout le temps qui vous est nécessaire. Je vois que vous aimez réaliser des portraits, comme moi, mais mes portraits ne sont pas souriants, au contraire des vôtres. Les miens ne sont pas souriants, car ils ont été réalisés sur 30 minutes au moins, et souvent le modèle a posé plus longtemps. Et il ne pouvait pas garder le visage souriant tout ce temps. Je ne sais pas combien de temps vous est nécessaire pour réaliser les vôtres, mais leur sourire me fait penser que vous avez mis moins de temps que moi. Pourtant, la justesse (supposée) de mon observation est directement le résultat du temps que je passe à observer : longtemps au début, et moins de temps avec un peu d'habitude, et c'est la même chose quand je dessine un corps entier. J'aime comparer les visages, j'aime comparer les corps, j'aime déceler des petits détails qui font l'identité d'un visage ou d'un corps, et mes dessins deviennent assez typés, et, forcément, ils deviennent un peu plus caricaturaux que leur modèle. Un peu forcés. Je n'adoucis pas, je ne crée pas d'estompe. Au contraire, je creuse les traits, et je pense que je vieillis et que je ride un peu mes modèles.

 

      Si mes dessins vous plaisent, c'est peut-être qu'ils vous paraissent justes, crédibles, dans leur anatomie. Je crois en fait que j'imagine les épaules d'un modèle lorsque je dessine son visage. Cela me permet de relier la tête au reste du corps, en gardant un cou et des épaules qui sont proportionnés avec la tête. J'évite ainsi, j'espère, un dessin mal proportionné, qui pourraît sembler être une caricature ou une tête détachée du corps. Je pense que la présence du corps (même si on ne le voit presque pas), bien raccordée à la tête, donne une énergie, une attitude, une logique, un réalisme à l'ensemble, même si le corps est incomplet. Je pense aussi, et c'est ma façon de dessiner, qu'il faut mieux dessiner le corps entier, puis le recadrer, en ne gardant que ce qui est juste du point de vue anatomique, plutôt que n'en dessiner qu'un morceau.

 

      Ensuite, il y a quelques règles à apprendre, qu'il est difficile de deviner, même par la pratique. Le "canon romain", dans lequel la tête correspond à 1/8 de la hauteur totale du corps, est un moyen assez facile (bien qu'un peu artificiel et un peu trop beau pour être vrai) de repérer les proportions du corps. Un "écorché", voyez ici celui de Houdon, dans lequel on peut observer la musculature du corps, permet aussi de préciser son observation. Mais rien, rien, rien jamais ne remplace l'observation directe du corps. Le canon romain et l'écorché sont deux outils très pratiques, mais le corps réel est toujours légèrement différent, et c'est ça qui est beau. Pour ma part, c'est en repérant l'écart qui existe entre le modèle théorique (le canon romain) et le vrai corps, que j'ai appris un peu à regarder et à dessiner.

 

     Aucun de mes dessins n'est réalisé d'imagination, et je commence tout juste, après quelques années de dessin d'après modèle-vivant, à pouvoir dessiner, non d'imagination, mais de mémoire. Apprendre peu à peu à repérer, puis à dessiner, tous les petits creux et les petits reliefs, c'est comme survoler un paysage à très faible altitude, en épousant les accidents du terrain. C'est toucher le corps sans y poser la main. Forcément, il y a une part d'érotisme à dessiner ce qu'on voit, dès que le modèle est nu. Qu'il soit un homme ou une femme ne change rien à mon impression. Mais "toucher le corps sans y poser la main", c'est aussi un geste de retenue qui permet de "visiter" ce qui ferait la surface d'un paysage : un panorama, où l'on détaille un à un les arbres, les buissons, les talus, etc... C'est très serein. Et quand on a tout additionné et tout relié, le corps apparaît, ou le visage apparaît, dans son déploiement logique.

 

raccourcisHoudon___Ecorche

yvain_renaud__ecorche

 

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Yvain Renaud Dessins
  • Présentation de mon travail graphique, dessins au crayon, de nus académiques d'après modèle vivant, et photos. Autres travaux personnels à la sanguine, au pastel, à la peinture, et en photographie. Liens vers d'autres sites aux orientations proches.
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